A celles que j'ai connues ( Jean Barbé)


De ma jeunesse de goupil
D'où je tiens cette âme incivile
Tout compte fait que reste-t-il
Quelques regrets et des chansons
Que je redis incantatoire
Chaque matin dans ma baignoire
Les yeux fermés pour ne point voir
Ma bedaine sous le savon

Vivre souvent est un vertige
De soi-même on est l'homme-lige
Pour vous toutes grand dieu que fis-je
Qui pourrait valoir un merci
Faut-il vraiment que je m'étonne
D'être tout seul quand minuit sonne
De ne connaître plus personne
Avec qui parler du pays

Qu'ai-je fait de vos yeux d'ardoise
Où s'arrêtaient les pluies d'Iroise
Où venaient s'échouer les phrases
De mes poèmes impromptus
Je maniais mon coeur comme une arme
Vos souffrances m'étaient un charme
J'étanchais ma soif à vos larmes
Y cherchant des mots inconnus

Vivre sans doute est dérisoire
On ne voit que ce qu'on veut croire
Et l'on retourne les miroirs
Dont le temps étoila le tain
J'avais l'insouci des mésanges
Avant l'hiver mais c'est étrange
Cette impression qui me dérange
De m'être trompé en chemin

Oh ! Je suis trop fier pour le dire
Mais qu'ai-je fait de vos sourires
Mes Joconde pour quel délire
Suis-je donc passé à côté
J'avais pour l'amour des défiances
N'y croyait pas plus qu'à la chance
Et je m'esquivais en silence
Par crainte de vous écouter

Vivre pour vivre est un carnage
On veut son nom en haut des pages
En serinant le viel adage
" La fin du monde est après nous"
Mais aujourd'hui que vient l'hiver
Dans mes nuits proches de l'enfer
J'imagine mes plus beaux vers
Ceux que j'aurais écrits pour vous.