Noninscrit (Noninscrit)
Identificateur : Noninscrit
Inscrit: 4-2008
| | Envoyé vendredi 06 juin 2008 - 10h08: | |
Je me réveille peu avant les premiers gazouillis d’oiseaux… 4h38… passage du lourd au léger… les premières notes emplissent l’atmosphère pluvieuse de ce 4 juin 2008. Trop tôt… c’est trop tôt… je refuse de me lever tout en sachant que n’importe quelle tentative d’évasion onirique est vouée à l’échec. Ce petit matin beigne dans une odeur de fin, une sensation de départ… me voilà dans un port, hésitant à monter dans une galère dont j’ignore la destination finale… le naufrage ou la découverte de nouvelles terres… angoisses.
Avant 6 heures, je suis devant mon ordinateur (un iMac… au design épuré… j’adore) et rédige une convention de séparation entre mon mari et moi… Roxane me rejoint bientôt…encore drapée de sommeil… blottie contre moi, je déguste, en gastronome avertie, sa douceur et sa chaleur… et constate l’horreur de la situation : elle ignore tout de l’imminente cassure.
Accélération du rythme : mettre la table pour le déjeuner, réveiller Camille, envoyer un e-mail, réveiller Camille, faire les tartines, réveiller Camille, mettre les barrettes à Roxane, réveiller Camille, préparer les récréations dans les sacs d’école, réveiller Camille… enfin, croiser mon mari…et lui faire la bise ! le quotidien côtoie l’absurde. Après avoir donné quelques ordres militaires pour assurer une logistique optimale de l’entreprise familiale… départ pour l’école.
8h10, les « loupiottes » sont déposées et en avant toute pour Lausanne, histoire d’abattre quelques travaux professionnels en espérant éviter de sombrer sous l’ampleur du travail en retard…sans nul doute, je suis l’heureuse bénéficiaire d’une inaltérable naïveté ! Un CD dans ma voiture – la reprise de « Emmenez-moi » de Charles Aznavour par Vanessa Paradis – oui, oui, oui… j’adhère et expire en cœur avec la belle « Emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles, il me semble que la misère, serait moins pénible au soleil »… malgré nos incantations, le ciel est bas… et j’ai froid, froid… FROID… avec le sentiment d’avoir oublié mon manteau de peau et d’errer les os dans le vent.
Le bureau… là, pas le temps de souffler… comme l’ours est attiré par le miel, un cortège de collègues se présente à moi avec dans leurs mains des bouquets de sollicitations colorées… personne, évidemment, ne remarque que je suis censée être en congé ce matin… (p.s. : se rappeler d’arriver avec un couteau en pleine poitrine pour voir si quelqu’un s’en aperçoit… invisibilité).
Le lapin d’Alice aux pays des merveilles… en retard, toujours en retard… je boucle mon ordinateur, timbre à la timbreuse digne des heures les plus glorieuses de l’aire industrielle… (avec l’esthétique des « Temps modernes », le son métallique des rouages en plus).
En sortant, je rencontre une amie prises par de mystérieuses oscillations et une contractuelle prête à déposer son œuvre sur ma voiture… négociations, sourires…gain de cause… mon mensonge m’a permis d’éviter fr. 40.- d’amende… Yeesssss !
Je dois être à 11h de retour à Yverdon-les-Bains pour accueillir Roxane à la sortie de l’école… c’est important, cet unique jour dans la semaine où je rejoins, dans le préau, la meute des « mamans normales » guettant avec une fierté dégoulinante leur progéniture. Merde, je suis en retard de 2 minutes… Roxane m’attend et m’accueille avec un triomphant « Maman » ! Magie.
Avant de répondre positivement aux demandes répétées et suppliantes de Roxane pour aller manger… enfin, avaler… un Mac Do… je réussis à ne pas oublier d’acheter un cadeau d’anniversaire pour la copine de Camille, chez qui elle va dîner et passer l’après-midi.
Je rejoins l’autre bout de la ville pour commander au Mac Drive le repas tant attendu de ma fille… constatation : ça pue, mais elle est si contente.
Malgré la qualité gustative très critiquable de ce repas, la conversation est enjouée. Roxane me parle de Colas… son amoureux (ils ont 6 ans et demi)… pour qui elle se fait belle tous les matins depuis plusieurs semaines. Le désir, ce moteur de vie depuis la nuit des temps. Colas a une boucle d’oreille et aime mettre un diadème sur la tête… j’aime sa sensibilité « hors-norme »… de manière générale, j’aime le décalage comme lumière du présent.
Quelques retouches à la convention et… dingdong…ma voisine qui termine sa scolarité obligatoire est à la porte… c’est l’heure du cours d’anglais, je me mue donc en professeur. Génial et instructif d’avoir la chance de faire une heure de conversation avec une adolescente. Quel est l’objectif des jeunes générations… refaire le monde, voyager, que sais-je ? Non… l’unique objectif, du moins pour les femelles de notre espèce, c’est de faire du shopping… passer les quelques moments de temps libre à essayer des fringues… rires et goût amer…
Encore en retard, vite prendre la voiture et partir avec Roxane à Echallens papoter avec une amie… en quête de réconfort… Espoir déçu… comment voler 10 minutes de son temps à une mère de 3 enfants, ayant eux-mêmes invités 3 ami-e-s… le niveau sonore atteint son paroxysme et je rêve de pouvoir verrouiller mon cerveau en faisant « Alt + Ctrl + Delete ».
Je reprends le chemin de la maison… il reste 15 minutes avant le retour de Camille et 45 avant mon départ pour le Caribana à Crans-sur-Nyon… juste le temps de faire 1'200 sauts de cordes à sauter, 160 abdominaux et 20 pompes… tout cela sur un air musical choisi par Roxane : Beyoncé et Metallica (nette préférence pour le second… au contraire du voisinage, probablement). Camille nous rejoint arborant le bricolage réalisé lors de l’anniversaire de sa copine… j’aime la voir fière de ses actes… et de sa créativité…
18h15 départ pour le Caribana. Mais, avant allez chercher mon amie… et lui demander de conduire ma voiture afin que je puisse appeler ma mère et prendre des nouvelles de sa santé… dans quelques minutes… parce qu’elle regarde « Top Models »… et on ne DOIT pas la déranger pendant ce moment d’évasion sacré… rires et goût amer, encore.
20h00, accès « Back stage » au Caribana… j’ai faim et rêve d’un plat chaud (la température avoisine le 12 °) et épicé… ce sera donc un émincé de poulet thaïlandais au curry rouge… en attendant d’écouter ze star de la soirée… Alanaïs Morissette.
1h30 de concert grandiose… évasion garantie, je rentre dans son monde, je suis sur scène… cette fille qui balance sa tignasse au son vibratoire des guitares basses, c’est moi (p.s. : penser à demander à mon coiffeur de me mettre des « extensions » à mes cheveux, longs d’un centimètre ou deux). Le public est en symbiose avec le temps… froid… me voilà encore une fois sur un autre planète… décalée… en plein festin alors qu’ils sont à un enterrement…
Repue, je rentre vers 1h30… douche encore… je me couche… et ferme les yeux pour oublier que je suis dans un port… |