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Julia
| | Envoyé vendredi 23 avril 2004 - 19h33: | |
La salle de classe
Poussière de craie et odeur moite submergent la salle de classe où les esprits surchauffent et où sous une seule voix, tout s'efface. Des regards livides fixent ce créateur de pensées et de réflexions. Les mots, les paroles s'empilent et se multiplient sur des feuilles dont la virginité s'estompe sous les traces, les cercles et les articulations de gosses à demi là, à demi ailleurs.
Buvant naïvement le préfabriqué, buvard de leurs rêves d'un autre instant, d'un autre temps. Enregistreurs de pensées nourris à la béquée de culture et de logique, horreurs de mon esprit rebelle et bordélique.
Des échanges de regards, des paroles au hasard, des bruissements de papier, des chuchotements amoureux ou haineux, la vie d'un monde se dessine peu à peu. Comme écrasé dans cette foule de chair vivante et de paroles enivrantes la salle s'anime.
Les murs sont de papier où raisonnent les mots. Les tableaux, verts reflets des découvertes où l'enfant prend peu à peu conscience du monde qui l'entoure. L'enchantement s'éteint alors sous ces faiseurs de conscience, ces briseurs de rêve et buveurs d'idéal où la beauté des mirages s'envole sous cette affreuse chose qu'on appelle méthode où tout est clair et structuré,
sorte de boîte métallique où les pensées se heurtent et s'entrechoquent, se détruisant elles-mêmes dans un fracas amer.
Être et avoir sont mes fidèles, le mot chose reste mon idéal. La rigueur m'est étrangère, je reste un marginal.
La classe se vide, la salle s'essouffle et se meurt peu à peu. Les chaises mal rangées se parlent et se regardent. Quelques bouts de papiers, où la pensée s'est matérialisée, jonchent le sol. Sur le tableau un nom propre, quelques mots techniques à moitié effacés, la salle semble immense et vide, le néant de leur propre esprit envahit la salle des écoliers.
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