En ce début de soirée, nous nous promenons sur le vieux port.
L'air, saturé d'électricité nous enveloppe de sa lourdeur orageuse.
Je passe la langue sur mes lèvres pour recueillir ce goût salé que
j'apprécie secrètement, tant il décuple en moi cette sensation de vivre. Tout me parle, tout me flatte ;
j'évalue en un court instant avec bonheur, à quel point je suis entourée.

Nous avançons, nous tenant par le bras, sans prononcer le moindre mot, comme si l'amour avait déposé dans notre âme une empreinte de paix qui nous dispense de toute parole. Nos cannes sondent l'espace en une courbe lente et régulière. Soudain, le sol à leur extrémité semble se dérober. Nous sommes au bord du vide.

Dans un même réflexe, nous nous figeons sur place quelques secondes puis reculons de quelques pas pour demeurer à nouveau en alerte, recevant en plein visage un fort parfum iodé qui m'étourdit
légèrement...

Lydia