Clapotis

Clapotis

 

Nuit d'encre,
clapotis.

Sur la berge,
deux corps
enlacés.

Un chien
passe.









Valse

Valse

Passé, présent, futur,

Trois temps d'une valse
l'orchestre s'arrête,
les danseurs se regardent,
ils hésitent, s'écartent un peu.

Chacun reprend sa place,
ne sachant pas
si une autre recommencera
ou s'ils se transformeront
comme l'orchestre
en statue
de sel...









 

Marées

Marées


Plus loin que d'habitude, l'eau s'était retirée.
Ouvrant le passage, laissant deviner
des fonds habituellement recouverts.
Pour la première fois j'avais pu franchir cet espace dégagé,
sensation inconnue, avancée en terre neuve.

Au loin déjà le grondement se faisait entendre,
les anciens disaient qu'elle était dangereuse,
d'aucuns s'étaient fait prendre,
jamais ils n'en étaient revenus.

Serein, assis sur ce rocher, je l'observais se déchaîner,
d'un coup recouvrir cette vaste étendue,
reprendre ses droits, montrer sa force.

A l'etal, je la contemplais, si calme, coupé de tout,
reclus, envahit par une sensation nouvelle, profonde,
agréable et angoissante en même temps,
cette impression que tout au fond quelque chose avait changé.

Je revins les jours suivants,
parfois elle se faisait douce et me laissait rejoindre ma pierre,
m'entourant délicatement de ses clapotis.
D'autres fois, rebelle, elle m'en interdisait l'accès
renforçant ce désir de traverser à nouveau,
cette envie d'être au calme en son sein.

marées...





 



Lèvres

Lèvres

Elles portent encore
      le goût de ce dernier baiser,
les lèvres meurtries.





















 

Différence

Différence

Différence de cette lente et ravageuse découverte,
progrès subtil et troublant.

Différence de cette rencontre qui se surprend elle-même,
qui en oublie son nom.

Différence de cet accord initial dont l'écho au lieu de s'éteindre
s'amplifie.

Différence de cette urgence qui se repousse d'elle-même,
cédant la place à une attente délicieuse.

Différence de cette lame de fond qu'assis au bord de l'eau calme
nous n'imaginions pas.

Différence de ces ressemblances...














 

Perle

Perle

Perle,

Tu rayonnes,
prisonnière de cette coquille entrouverte.

Protégée,
tu prends l'éclat des plus belles.

On distingue par moment tes reflets,
tu ne vois que vase et profondeurs,
doucement bercée par cette onde
qui sans cesse te rappelle à la vie.

Perle,
peux tu imaginer un ailleurs ?


















 

Mais

Mais

je t'aime, mais ne doit le montrer trop
de peur de casser ce lien de peur de te perdre

je t'aime, mais ne peut le vivre
contraint de modérer cette fougue pour te laisser le temps,
pour laisser le temps au temps

je t'aime, sans te laisser la place de me répondre,
omniprésent, soucieux de tes moindres expressions
prévenant jusqu'à tes pleurs et besoins de solitude

je t'aime, là, juste à côté, tout près,
sans te laisser le temps de respirer,
sans te laisser le temps de savoir,
prendre le recul,

je t'aime, comme çà brutalement, d'un coup, très fort.
comme si depuis longtemps je te cherchais
comme si quelquepart tout au fond je savais

Et quand dans cet enfer, il existe une toute petite place,
tu viens t'y lover avec délice,
te rappeler à moi avec tes mots,
tes gestes,...






















 

Feu et Glace

Feu et Glace

Dans le bleu mouillé de tes yeux,
la passion et la peur.

Entre tes mains robustes,
le feu et la glace.

Sur tes lèvres fines,
l'indifférence et la fièvre.

Au delà de ton regard
ces fantômes incernables,

En face de toi, transi,
cet homme qui ne sait plus
s'il doit t'aimer ou te craindre...

















 

Suite

Suite

S'il devait y avoir une suite, je voudrais, princesse,
loin de ce bûcher original, te retrouver.
Te donner rendez-vous en un lieu que j'imagine serein,
neuf pour tout deux,
feutré accueillant.

Lumière douce, table sobre, j'aurais voulu avec toi,
dans quelque nectar tremper les lèvres,
savourer plats raffinés et grands vins,
sur fond de musique douce.

Le serveur compréhensif, se serait discrètement éclipsé,
nous laissant dans ce face à face intime.

J'aurais probablement glissé ma main dans la tienne,
caressé tes doigts longuement,
tenté de raviver le souvenir
de ces premiers instants merveilleux.

N'ayant pas les moyens de mes rêves,
je ne veux prendre le risque, d'une fois de plus partir faux,
de brûler une nouvelle cartouche
de cette vieille bandoulière déjà trop dégarnie.

qui sait, un jour, peut-être…














Silence

Silence

 

Silence,
distance,
fragile barrière vite ébranlée
par la chaleur de ta voix retrouvée.



















Fin de partie

Fin de partie

La pièce est finie,

ils se démaquillent, rangent leurs costumes,
enlèvent cette deuxième peau,
qu'ils pensaient un instant réelle.

Sur la scène de la vie, ni perdants, ni gagnants,
juste deux rôles, une pièce, des publics choisis.

Un autre livret, une autre peau, une autre pièce,

et pourtant, il reste un bout de ce dernier rôle,
un fragment de ce jeu magique, auxquels publics et acteurs
un instant ont crus.

la pièce est finie...















 

An neuf

An neuf


Baiser de l'an neuf,
      le premier aurait dû
être pour toi.

 



Premier baiser de l'an,
      dans tes bras il aurait
une autre saveur.
















 

Doux

Doux

 

Qu'il est doux,

ce premier baiser,
cet instant volé.

Douce aussi,

cette promesse tacite
d'un futur mouvementé.









 

Tri

Tri

Ils trient

chacun de son côté,
l'un, ses objets,
l'autre, ses émotions
ils préparent une nouvelle vie
ne sachant pas encore la place qu'ils s'accorderont,
objet parmi les émotions,
émotions parmi les objets,

ils trient..
















 

Table

Table

Cette table de noyer que l'on me destine,
c'est avec toi que je voudrais l'inaugurer.

Reléguée au rang d'objet d'occasion,
elle n'attend que ta venue pour retrouver
vie, patine, odeurs et festins,
humeurs et coussins.

Elle a vu passer des couverts ou glisser des salières,
elle a peut-être même tremblé
sous quelques coups de boutoir.

Elle survit imaginant ces premiers chandeliers,
ces murmures délicats...













Boucles

Boucles

Noires barrées d'or,
ces boucles d'oreilles qu'il t'offre
ravive le souvenir douloureux
de cette rupture encore brûlante.

Doucement il se retire,
laissant la place à ces fantômes,
espérant la retrouver bientôt.

Se cachent-ils encore ailleurs,
vaut-il mieux les laisser dormir.

Il rêve de les terrasser tous,
mais lutte contre un ennemi de taille,
une brigade informe d'ectoplasmes
fluctuants.














Absence I

Absence I

Absente,
son image m'envahit

Muette,
sa voix me réchauffe

Sur ma peau,
le souvenir de cette caresse,

Et pourtant

je ne peux dire "je t'aime"

stoppé net par ce mot si ample,
par tout ce qu'il recouvre, implique
par son vide absolu et
sa totalité masquante

Je t'aime...














 

bsence II

Absence II

Quittant tes mains, je retrouve ce clavier austère,
mots, rimes, et misères.

Loin de tes yeux, je retrouve cet écran bleuté,
phrases, tournures et apartés.

Ce parfum qui lentement s'évanouit, je n'en trouve nulle trace ici,
brûlé électronique, tas de mégots froids, à peine une odeur de pied.

Cette mélopée triste, cette samba endiablée,
quelques cliquetis de clavier, les bips d'un modem

Je rêve d'un ailleurs à deux, de fruits mûrs et savoureux,
de vins riches et goûteux,
de tes mains de tes yeux....
















 

Ils

Ils

Je pars en montagne,
mais c'est avec toi que je voudrais être
n'importe où,

Ils m'entourent,
mais c'est entre tes bras que je voudrais me lover

Ils me parlent,
mais c'est ta voix que je voudrais entendre

Ils me taquinent les narines,
mais c'est ton parfum que je sens

Ils me regardent,
mais c'est tes yeux que je cherche

Tu me manques,
affreusement.

















 



Bouquet

il y aurait eu…

un iris bleu,
de ce bleu profond qu'ont tes yeux au réveil, de ce bleu merveilleux d'un premier jour, de ce bleu froid d'un dernier regard.

une tulipe jaune,
du jaune de tes murs presque danois, du jaune de ces fromages que tu adores, du jaune rayonnant de ces habits asiatiques, du jaune pâle d'une primevère à peine sortie de terre

une violette violette,
pétales discrets, odeur esquissée, apaisante, porteuse de cet espoir ténu

un miosotys,
minuscule, d'un bleu très clair, qu'il faut approcher pour distinguer, une lueur au loin, une promesse, une certitude.

un lys poivré,
blanc bardé de pourpre, déjà trop ouvert pour pouvoir se refermer encore une fois, riche de cette odeur qui envahit, qui entoure, et qui persiste, riche de ces senteurs orientales, du parfum de ces biscuits hollandais.

un brin de verdure,
quelques herbes à chat, souplesse, félinité

une tige de rose sans fleur,
fraîchement décapitée, droite, altière et noble, piquante au milieu de ces reines.

une rose baccarat,
sans tige.

…dans ce bouquet que je ne ferai pas.