Madame, Ce matin là, avec quelques confrères vous preniez le train de Genève pour Lausanne, le 7h58. Resté endormi plus longtemps que dhabitude, je me trouvais sur le même quai. Arrivée trop tôt , seule avec cette veste en daim, et ce sac détudiant ou de journaliste, les cheveux mi-long tenus par une pince, coiffure rapide, regard rapide, lexpression de votre visage en découvrant la une du Nouveau Quotidien, une expression de tristesse et dhébétement attira mon attention. Hébétement transformé en colère, confirmée un peu plus tard, lors de larrivée dun premier collègue, qui vous appela bruyamment " Chantal ",dans les bras duquel vous vous êtes jetée en vous exclamant suffisamment fort " je me suis fait piquer mon sujet " avec une voix du lendemain de la veille, un peu éraillée, fumeuse peut-être. Jai adoré cette expression sur votre visage, ce mélange de " pas encore réveillé " et de " je me suis fait avoir ". Le train arrivant, habituée de ce trajet, dans le wagon restaurant vous avez pris place, je vous faisais face à quelques tables de là, masqué par une veste ou un imperméable qui oscillant au rythme des virages découvrait votre visage Journaliste, un étudiant ne peut se faire piquer un sujet, vous étiez donc journaliste, et vraisemblablement de presse écrite, ne travaillant pas pour le Nouveau Quotidien, mais pour un journal fabriqué à Lausanne, ce que me confirma le fait que vous quittiez le train dans cette cité. Durant cette demie-heure de voyage, je retrouvai plusieurs fois cette même expression, mêlée de tristesse, les propos de vos collègues ne vous intéressant en loccurrence nullement, le regard vide, fixé dehors, la vivacité émergeant peu à peu. Jallais à Berne, vous alliez à Lausanne, le film est fini. Lecteur quotidien de la presse romande, je nai à ce jour trouvé quune Chantal journaliste, vous nêtes peut-être pas celle là, cela na pas dimportance, je trouvais cette histoire amusante. Bon voyage, et peut-être au plaisir de vous lire, dans un écrit plus exclusif et non publié. |
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